Pour une consommation éthique
La fin du terrorisme des prix
Les papotages de coin de cuisine de La Source dorée
Avec Danielle Hamel, la nomade de l’équipe de La Source Dorée, nous avons pris l’habitude de refaire le monde dans la cuisine pendant qu’elle s’agite autour des casseroles. Nous nous sommes dit que nous pourrions vous inviter à partager nos papotages de coin de cuisine. Nous vous proposons donc ce premier article issu d’un coin de cuisine. N’hésitez pas à nous faire un retour pour ouvrir les champs de réflexion de La Source dorée.
Depuis une bonne vingtaine d’année, le terme « équitable » est entré dans notre vocabulaire, qualifiant notamment un type de commerce qui prône des valeurs d’équité . Il s’appuie notamment sur des chaînes commerciales plus courtes et transparentes, en permettant aux producteurs de vivre décemment de leur travail. Ce qualificatif est néanmoins utilisé plutôt pour le commerce mondial et notamment pour les producteurs des pays du sud.
À la Source Dorée, nous sommes très sensibles à la notion d’équité. Et nous nous interrogeons régulièrement sur cette notion et sur ce qui la freine. Et notre avis est que cela tourne autour d’un véritable terrorisme des prix ! Le prix devient le motif d’un choix de consommation.
La consommation est devenue une condition de notre existence et pour nombre d’entre nous, nous pourrions résumer cela à « je consomme donc je suis ».
Fortes de ces interrogations, nous sommes tombées sur le terme « consommation éthique » qui nous a séduites. Un peu intello certes, mais remettre un peu d’éthique dans notre consommation ne peut pas faire de mal, non ?
Mais qu’est-ce qu’un juste prix ?
Une amnésie collective dirait-on, tant le « bas prix » a pris la grosse tête ! Car ne nous voilons pas la face, c’est lui qui dicte souvent sa loi dans nos façons d’acheter. Et oui, qui ne s’est pas laissé tenter un jour par un produit pour son prix ?
Or, si l’on prend la peine de réfléchir, le « moins cher » finit souvent par coûter très cher à la société, tant sur le plan humain qu’environnemental. Car au bout du compte (ou de la chaîne), il y a toujours quelqu’un qui paye le prix fort du « pas cher » ! Prenons l’exemple de la banane qui, étonnamment sous nos latitudes, coûte moins cher qu’une pomme ! Quelle aberration !
Dans ce cas précis, c’est sans aucun doute le petit paysan des pays du sud qui est lésé. Mais c’est aussi notre couche d’ozone, trouée de toutes parts par nos émissions de gaz à effet de serre. Et pour finir l’humanité toute entière qui respire de plus en plus mal, ainsi que la biodiversité qui s’étiole à grande vitesse.
On peut prendre aussi l’exemple du petit maraîcher local qui décide de se convertir au bio. Rares sont les subventions qui lui sont consenties, les contrôles sont exigeants et payants, le risque de perte augmenté, le travail d’entretien plus important et malgré tout, on voudrait qu’il vende ses produits au même prix que les autres !!! N’est-ce pas normal de le remercier de sa prise de risque, de son labeur et de son choix courageux de nous offrir des produits avec moins de produits chimiques ?
Qualité ou quantité ?
Il est vrai que depuis plus d’un demi-siècle, nos sociétés occidentales vivent dans l’abondance et ne s’en rendent pas compte ou si peu ! Mr Taylor (qui est devenu très riche) nous a appris que pour rentabiliser un produit, il fallait le produire en masse, sans aucun souci des effets pervers de cette production massive, tant sur le plan humain qu’environnemental.
D’autres businessmen ont trouvé le moyen de faire baisser les prix en délocalisant. Ce qui nous amène à des aberrations qu’on ne va pas développer ici.
Produire le plus possible à n’importe quel prix, pour satisfaire une clientèle de plus en plus nombreuse et… de moins en moins satisfaite, quel paradoxe !
La quantité finit par primer sur la qualité dont on essaie de redorer le blason à coup de labels qui tendent davantage à normer qu’à favoriser la création. Mais où est donc l’éthique dans tout ça ?
Gagnant-gagnant
Ce qui définit une relation équitable c’est lorsque chaque protagoniste se sent gagnant-gagnant. Mais où se situe le curseur sur l’échelle du gain ?
Si le vendeur se sent gagnant lorsqu’il a vendu pour de la qualité ce qui n’en était pas ou lorsque l’acheteur se sent gagnant lorsqu’il a acquis quelque chose de bonne qualité à bas prix et estime avoir fait une bonne affaire. C’est que le curseur est défectueux !
En cherchant toujours la bonne affaire, c’est nous-mêmes que nous desservons, c’est notre graine de créateur que nous étouffons, c’est la beauté que nous sacrifions. C’est ainsi, la relation que nous escamotons, remplacée par ce lot de consolation que constitue l’achat compensatoire et/ou compulsif d’un produit de série qui enrichit quelques-uns et appauvrit le plus grand nombre.
La confiance et le respect sont les 2 ingrédients essentiels d’un commerce éthique
À La Source Dorée nous avons choisie notre politique : offrir le meilleur service et des produits de qualité au prix le plus juste. Nous sommes heureux lorsque le client l’est aussi et plus encore lorsqu’il est entré en empathie avec notre démarche, qu’il la soutient et la comprend.
En quoi notre démarche relève d’une consommation éthique ?
Elle repose essentiellement sur les principes de l’économie solidaire et de la permaculture :
- favoriser la coopération et l’intégration,
- utiliser et valoriser la diversité,
- encourager la responsabilité et l’engagement,
- apprendre à gérer démocratiquement,
- considérer les obstacles ou les chocs comme des vecteurs de changement.
Tout un programme n’est ce pas ? Et c’est tellement enthousiasmant
A La Source Dorée, nous avons sciemment décidé de produire moins, au détriment de la rentabilité, mais de produire mieux. Et oui ! il y a des originaux qui tentent ces challenges. Que ce soit au niveau du confort, de la beauté, la gastronomie, la relation, tout doit être fait pour que le client se sente bien accueilli et considéré, sans que le prix soit un obstacle.
Mais pour que cela puisse exister, et parce que le « mieux » est pour le moment peu valorisé, sur le plan marchand tout du moins. il a fallu constituer une équipe solide partageant les mêmes valeurs, où chacun(e) accepte de gagner moins pour travailler et vivre mieux. (Peut être souriez vous mais ces personnes là existent)
Dès lors que nos clients le remarquent, en prennent conscience et nous soutiennent, nous considérons que nous sommes payés de nos efforts et que d’un commun accord, nous sommes arrivés au prix juste !
C’est pourquoi si nous voulons redonner du sens et du lien à notre façon de consommer, nous n’avons d’autre choix que de faire des choix cohérents et conscients.
Que nous soyons producteurs ou consommateur c’est en nous comportons de façon responsable et confiante que nous retrouverons cette belle valeur d’équité. Lorsque chacun se sentira heureux d’être entre en relation sans arrière pensée. Et chaque fois que nous vivons cela, il nous semble que quelque chose dans le monde à évoluer. Est ce illusoire ? qu’importe, surtout si le plaisir est viral.
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